Les imparfaits sont des gens bizarres
Préface de
Davide Rondoni
Traduction en
français
par Giovanni Dotoli et
Françoise Lenoir
En couverture :
Photographie de Stefano
Bonazzi
Préface de
Davide Rondoni
Écrire de la
poésie, connaître. La dure poésie-soeur
Rares sont les
ouvrages de poésie qui ces derniers temps ont su me toucher autant que ce
recueil de Rita Pacilio. Un journal douloureux et fulgurant, très personnel, où
la force des vers glisse, tisse et déchire le murmure, où ils restent cependant
ramassés, prononcés par une voix provenant du lieu inexpugnable qu’est l’espace
propre à la condition de soeur. « La prison de mon frère / a des fenêtres
sourdes » …
Cet ouvrage est
visionnaire et intime, mais par le biais d’une qualité de composition
particulière et d’une grande concentration, il esquive tous les risqué
rarement inévitables dans un tel corps à corps avec l’abîme … ici la
voix de Rita Pacilio provient d’un lieu intime et sans défense. La poésie-soeur n’observe pas, c’est une destination
commune, un lieu chairs sang communs et indivisibles. Un amour qui est
connaissance. Celui qui observe est dans un autre lieu que celui du gouffre, de
la peine, la soeur, elle, n’est jamais ailleurs. La soeur est la seule à savoir…
Tout ce voyage
en enfer, cette traversée éprouvante, où les vers sont d’une beauté épuisée et
majestueuse, comme certaines oeuvres de Bacon, ou même, en Italie, comme
certains autoportraits de Crespi, ont un coeur en diamant, très chaste et
resplendissant: « J’ai parlé à ton corps fraternel »…
Dans ce livre,
Rita Pacilio fait preuve d’une qualité de mesure et de puissance emblématique
qui la rapproche de certaines voix appartenant à ce qu’il y a de meilleur dans
la poésie italienne …
Et si quelqu’un
décidera de chercher un nouveau rapprochement avec un autre type de production,
par impénétrabilité lumineuse, par force respectueuse et par docilité, il lui
faudra alors ouvrir les lettres que Paul Claudel adressait à sa soeur Camille. Dans ce cas-là aussi brûlait, inintelligible, une
fraternité éprouvée, dévastée mais cependant inébranlable. C’est la force des
mots, leur poésie surprenante, encore, encore et encore. Parce que le mot
qui explore l’abîme est le premier signe d’une lumière possible.
« Dans le doute ils serrent les paupières pour
retrouver la
nuit, pour ne pas la perdre ».
(Davide Rondoni)
Mille fois les chants des magnolias
reviennent au crépuscule
à mon souffle.
Ils ne craignent point la trame des vents
ni les lignes ondulées du sein des nuages.
Ils s’attardent seulement lorsque l’écho désespéré
les
poursuit.
(dédié
à Alfonso)
Le lac de Nemi
se ride
en un geste de
douloureux silence
à le regarder mordre les nuages
le souffle arriverait au sommet.
Les visiteurs montent
sur une route dégagée apparaissent
au milieu des plantes
des filles noires à moitié nues
qui promènent leurs peurs
et leurs cuisses transies. Elles fixent
la lueur inquiète du soir
comme si elles la touchaient.
Je demande
pardon au monde / et à toi / pour mon errance lasse / pour mon cri muet / pour
la course qui m’essouffle et me parle /. Le destin est un cercle sans fin.
Notice
biographique de l’auteure
Rita Pacilio (Bénévent - Italie - 1963) est poète,
écrivaine, collaboratrice dans le domaine de l’édition, sociologue, médiatrice
familiale. Elle a rédigé des ouvrages anthologiques, editing, lecture/analyse
de textes poétiques et d’essais ; elle a écrit plusieurs essais, parmi
lesquels, La fede come metafora comunicativa : è possibile la fede
sociale ? (Fara, 2013). Pour l’Université du Sannio, elle a collaboré à
l’essai Famiglia e società. Elle
organise et promeut des événements culturels. Elle a publié des préfaces,
approfondissements, articles, critiques et notes de lecture sur plusieurs
revues et blogs spécialisés. Présidente et jurée de prix littéraires et
d’associations culturelles, elle a coordonné des ateliers et des projets liés à
la poésie dans les écoles. Ses recueils de poésies les plus récents sont : Gli
imperfetti sono gente bizzarra (La Vita Felice, 2012), Quel grido
raggrumato (La Vita Felice, 2014), Il suono per obbedienza -
Poésies sur le jazz (Marco Saya Edizioni, 2015)
Prima di andare (La Vita Felice, 2016). Son
oeuvre narrative : Non camminare scalzo (Edilet Edilazio Letteraria
2011). Sa fable La principessa con i baffi (Scuderi Edizioni,
2015) est un conte pour enfants.
Publications
Luna, stelle…e
altri pezzi di cielo,
préface de Felice Casucci, Edizioni Scientifiche Italiane, 2003. Tu che mi
nutri di Amore Immenso. Silloge sacra, Patti - Messina, Nicola Calabria
Editore, 2005. Nessuno sa che l’urlo arriva al mare, Patti - Messina,
Nicola Calabria Editore, 2005. Ciliegio Forestiero, LietoColle, 2006. Tra
sbarre di tulipani, LietoColle, collection Aretusa, 2008. Alle lumache
di aprile, préface d’A. Rigamonti et
postface de G.
Linguaglossa, LietoColle, collection Aretusa, 2010. Di ala in ala,
Dialogo poetico Pacilio - Moica, préface de Dante Maffia, LietoColle,
collection Aretusa, 2011. Non camminare scalzo, Edilet Edilazio
Letteraria, 2011. Gli imperfetti sono gente bizzarra, La Vita Felice,
2012. Quel grido raggrumato, La Vita Felice, 2014. Il suono per
obbedienza, Marco Saya Edizioni, 2015. La principessa con i baffi,
Scuderi Editrice, 2015 (contes pour enfants). Prima di andare, LVF,
2016. En août 2016, Rita Pacilio a présenté au grand public son projet “Parole
e musica” - Jazz in versi: contaminazioni.
Discographie
‘Infedele’
Splasc(h)Records